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Les jeux Columbia 1/3


Introduction

Fin Février 2004 sur le forum Tric Trac, suite à des demandes répétées d'information sur les jeux Columbia Games (et au premier chef Hammer of the Scots) Solipsiste postait un message pour résumer son opinion sur ces jeux et donner un aperçu sur toute la gamme. Il a depuis réécrit quelque peu son article, en incluant en particulier systématiquement les durées de jeu effectives. C'est cet article que vous trouvez ci-dessous, sur deux pages. Bonne lecture.
Rappel : les jeux Columbia sont disponibles UNIQUEMENT à travers le site Web de la société : http://www.columbiagames.com/

Columbia

La compagnie canado-américaine Columbia publie depuis 1971 des Wargames peu orthodoxes, passablement courts, et basés sur un système de blocs secrets. Ces derniers permettent aux joueurs de dissimuler l’identité de leurs unités, tout en permettant à l’adversaire d’évaluer les forces en présence à partir de leur nombre, puis d’en observer les déplacements. Ce système permet ainsi d’introduire le bluff et la surprise, mais sans diminuer la valeur de simulation historique des jeux, ni leur profondeur stratégique. Depuis quelques années, j'ai tour à tour essayé presque tous les Columbia, et j'ai acquis la certitude qu'ils ont le potentiel de rejoindre une large audience. Ils se maîtrisent d’ailleurs assez rapidement pour que l'on puisse intéresser des non-initiés sans trop de peine. Je vous propose donc un bref aperçu des jeux Columbia, accompagné d’un commentaire critique.

J’emploierai un système de notation de 1 à 5, et la complexité des jeux sera évaluée de la manière suivante : Faible – Modérée – Élevée ; et pour chacune des trois catégories, trois crans de complexité intermédiaires.

QUÉBEC 1759

front coverPublié en 1971, le tout premier jeu de Columbia reste encore aujourd'hui une petite merveille. Une partie de Québec ne dure pas plus d’une heure, et malgré ce qu’en disent ses rares détracteurs, se rejoue plusieurs fois sans qu’on en épuise le potentiel stratégique. Je ne vous le cache pas, j’adore Québec, et sa simplicité en fait le jeu parfait pour initier les récalcitrants à un genre qui restera toujours difficile d’approche.

Le jeu simule la guerre qui opposa les forces françaises aux armées britanniques en provenance de la Nouvelle-Écosse et de ce qui allait devenir le nord-est américain. L’enjeu, la citadelle de Québec, était alors jugée imprenable, mais les Britanniques comptaient sur des effectifs deux fois plus importants que les Français, dont les forces comprenaient surtout des miliciens.

Québec se déroule sur 16 tours. Les déplacements se font de manière simultanée sur une carte divisée en territoires découpés de manière réaliste (et non avec le système hexagonal). Les combats en colonnes, avec des unités différenciées uniquement par leur force d’attaque (CV), paraîtront simplistes aux habitués de Napoléon, mais le jeu y gagne en dynamisme. Québec fait largement appel au bluff, et les armées comptent ainsi plusieurs blocs vides. Les Britanniques l’emportent au 16e tour s’ils occupent les plaines d’Abraham.

QUÉBEC 1759

Année  1972
Joueurs  2
Durée  Environ 1 heure
Complexité

 Faible

Note
WAR OF 1812

front coverWar of 1812 simule la guerre canado-américaine autour des Grands Lacs. Prétextant des raisons économiques, les Américains avaient déclaré la guerre aux Britanniques, suivant le désir véritable d’annexer le Haut- et le Bas-Canada. Ce fut un échec. 

 D’un point de vue ludique, War of 1812 apparaît comme une évolution de Québec 1759. Le mouvement des troupes s’effectue toujours à partir de divisions territoriales réalistes, mais le jeu introduit de nouveaux mécanismes. Une partie de War of 1812 dure plus longtemps qu’une partie de Québec et sa complexité est plus grande, mais les deux jeux partagent encore beaucoup de ressemblances. Le bluff joue cependant ici une part moins importante. On peut encore aujourd'hui s’inscrire à des tournois de War of 1812  disputés en Amérique.

Je vous conseille également d'essayer la variante proposée par Jim Lawler sur le site de Columbia. Pour ce faire, il vous faudra toutefois commander des blocs supplémentaires et imprimer de nouvelles étiquettes. La variante ajoute beaucoup de profondeur au jeu sans l'alourdir inutilement et sans bouleverser l'équilibre des puissances.

WAR OF 1812

Année  1973
Joueurs  2
Durée  1h 30 à 2 heures
Complexité

 Faible

Note
NAPOLÉON

front coverNapoléon avait d’abord été publié en 1974 par Avalon Hill. Entre la deuxième édition (1977) et la troisième édition (1994), Columbia a largement modifié le jeu, notamment en doublant le nombre de blocs et en adaptant plusieurs règles. Une immense controverse (à l’échelle ludique, bien entendue) s’en est suivie. Tout a commencé, si je ne m’abuse, avec un article publié dans un journal spécialisé (Canadian Wargamer’s Journal), qui affirmait qu'en transformant le jeu d'origine, Columbia avait bouleversé l'équilibre des puissances. 

Quant à moi, je n'ai essayé que la fameuse 3e édition, et je la trouve excellente. Je ne sais pas si la 2e édition lui était supérieure, mais je sais que j'apprécie le jeu avec son nombre actuel de blocs. Seule la carte, nettement trop petite, devrait sans aucun doute être modifiée.

Le jeu favorise l’alliance britanno-prussienne, mais cet avantage paraît volontaire, et certainement pas insurmontable. Ses règles, toutefois, continueront de générer la controverse. Nul ne s’entend sur les modifications à apporter aux mouvements des troupes, à la puissance de feu de la cavalerie, ainsi qu’aux formations défensives en carré. Des règles de tournois ont été publiées par des joueurs aguerris, mais le fait que la cavalerie continue de frapper à triple-puissance au premier tour continue de provoquer des tollés. Même Grant Dalgliesh de Columbia a récemment (Décembre 2003) jeté de l’huile sur le feu en affirmant que les règles du jeu devront être revues et modifiées. Cette controverse ne doit en rien vous empêcher d’acheter cette merveille, et le seul fait que Napoléon suscite autant de débats prouve que beaucoup le tiennent à portée de la main dans leur ludothèque.

Parmi les points forts, mentionnons finalement la possibilité de jouer à trois joueurs, le dynamisme et la tension des combats (déjà passablement plus complexes que dans les deux jeux précédents), et la durée idéale des parties.

Note : de nouvelles règles sont disponibles sur le site de Columbia depuis Avril 2004

NAPOLÉON

Année  1974/1977/1994
Joueurs  2
Durée  2 heures - 2h30
Complexité

Faible

Note
ROMMEL IN THE DESERT

Rommel in the Desert, publié en 1984, est à mon sens le premier très grand jeu proposé par Columbia. Rommel est tendu et impitoyable : chaque mouvement d'unité est crucial, car la moindre erreur risque de couper vos lignes d'approvisionnement, ce qui s’avérerait fatal. Pour cette raison, entre autres, ce Wargame appartient à une catégorie supérieure et s’adresse d’abord aux initiés du genre. Il est profond, complexe malgré une mécanique assez simple, et inépuisable d’un point de vue stratégique. Rommel se joue évidemment avec les fameux blocs, mais également avec un système basé sur des cartes (c’est également le cas d’Hammer of the Scots, entre autres, mais pas d’Eastfront, ni de la plupart des jeux Columbia).

Un scénario de Rommel dure environ 1 heure 30 ou 2 heures. Même la campagne entière se joue facilement en une soirée. Je vous l'avoue, je le préfère à Hammer of the Scots qui a fait tant de bruit l'année dernière. Ce n'est pas qu’Hammer soit mauvais, bien au contraire. C'est seulement que parfois, quand une compagnie aussi inventive que Columbia voit finalement l'un de ses jeux percer le marché international, on s'imagine facilement qu'elle n'a jamais rien fait de mieux que ce jeu qui attire soudainement l'attention. Au contraire : Rommel est un classique qui n’a pas son égal dans la catégorie des jeux de complexité et de durée modérées. À mon sens, il n’a pas de défaut, et ses règles, quoiqu’un peu confuses lors d’une première lecture, n’ont jamais provoqué de controverse.

ROMMEL IN THE DESERT

Année  1984
Joueurs  2
Durée  2 heures pour un scénario
Complexité

Modérée

Note

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