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Les jeux Columbia 3/3


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Début juin 2004, Alexandre m'a fait parvenir son analyse du nouveau Gettysburg dont il parlait dans sa conclusion précédente.
GETTYSBURG : BADGES OF COURAGE

GettysburgLa toute dernière offrande de Columbia, Gettysburg : Badges of Courage (2004) cherche encore une fois à simuler la guerre civile américaine. C’est donc le troisième jeu de la compagnie, en un peu plus d’une dizaine d’années, à porter sur ce conflit (Bobby Lee, Sam Grant), et à mon humble avis, Gettysburg est de loin le meilleur effort de la série.

  Parmi les wargamers, Gettysburg a déjà acquis la réputation de « meilleure simulation de la guerre civile américaine ». C'est un titre que je suis prêt à lui accorder d'emblée, malgré mon expérience assez limitée des jeux portant sur ce conflit, et ce pour plusieurs raisons : son attention aux détails me paraît d’abord remarquable et la qualité du matériel surpasse largement la moyenne des jeux de guerre. Gettysburg compte plus de 180 blocs et sa carte est à la fois magnifique et précise. Le jeu a nécessité de nombreuses années de développement et un effort de recherche poussé, lesquels se traduisent par une simulation du conflit détaillée d’heure en heure. Les divisions (artilleries, cavaleries, infanteries) sont accompagnées d’officiers capables de commander le tir et de ravitailler leurs forces, mais ces officiers sont dépendants d’un général de corps, lui-même sous les ordres d’un général d’armée (Robert E. Lee pour les Confédérés, George Meade pour l’Union). Or, les deux armées présentent à cet égard des différences notables : le Sud est organisé autour d’un nombre restreint d’officiers efficaces, alors que le Nord est fragmenté en de nombreuses divisions, et gagne en mobilité ce qu’il perd en puissance d’assaut.

  Gettysburg se joue sur trois jours. Au terme de chaque journée, les Confédérés doivent calculer les points qu’ils ont accumulé en dispersant les brigades adverses et en s’emparant de centres stratégiques. Si aucune des armées n’a pris un avantage trop important, on passe à un tour de nuit et le conflit se poursuit le jour suivant. Une campagne entière peut être très longue, mais un scénario se joue en un après-midi.

  Est-ce pour autant un jeu d’un intérêt comparable à EastFront ? J’en doute un peu… j’ai en fait deux réserves. D’une part, dans sa volonté de simuler les batailles en formations linéaires, le jeu demande qu’on fasse feu avant d’effectuer les mouvements. J’ai trouvé que cette particularité en affectait négativement la dynamique et rendait les stratégies trop prévisibles (un joueur sait déjà, lors de son tour, quelles unités ennemies pourront faire feu au tour suivant). Ensuite, l’arrivée des renforts à des moments déterminés ajoute à l’exactitude historique, mais j’ai eu l’impression qu’elle donnait à chacune des parties un développement trop similaire. Cette dernière impression est renforcée ensuite par les pénalités importantes que subissent les unités voulant se déplacer hors des routes.

Vous sortirez d’une partie de Gettysburg avec deux sentiments : celui d’avoir participé à une simulation brillante et précise, appuyée sur un mécanisme de jeu impeccable; puis celui d’avoir suivi un tracé dont l’existence limite d’emblée vos choix et vos décisions. Je refuse de faire de ce commentaire une critique négative : à vous de voir si cet aspect vous rebute ou vous enchante.

GETTYSBURG : BADGES OF COURAGE

Année  2004
Joueurs  2
Durée  4 heures environ pour un scénario
Complexité

Elevée

Note

Alexandre Limoges (« Solipsiste »), juin 2004