Voilà un jeu qui n'a pas volé son titre. Pendant deux
heures et des poussières, vous serez un Prince de la Renaissance. Vous
vous serez constitué une armée, fait des alliés parmi les puissants à
Florence ou à Rome, connu des artistes, obtenu
le soutien papal et utilisé votre influence et votre or (une petite dose
de fourberie ne pourrait pas nuire également) pour améliorer la situation des
cités qui vous entretiennent en dégradant la situation des autres au travers
de petites guerres que vous aurez orienté à votre gré. Machiavelico !
A la fin d'une partie de Princes of the Renaissance,
vous pouvez raconter vous pouvez raconter l'histoire complète de ces Princes
Condottieri (vos adversaires et vous) qui ont forgé le destin de l'Italie de la
fin du 16é siècle. C'est évidemment une grande force. Un 10/10 pour l'auteur
Martin Wallace catégorie "respect du thème".
Tous les joueurs jouent le rôle (le mot n'est pas galvaudé)
d'un personnage secondaire de l'Histoire d'Italie. Chaque personnage possède un
petit avantage personnalisé. A votre tour, vous pouvez effectuer une action
parmi enrôler une armée, acheter une carte trahison (carte action) , mettre
aux enchères une carte politique ou une carte événement ou le poste de pape.
Vous pouvez encore choisir de déclencher une guerre entre 2 des 5 cités
majeures représentées sur la carte et là ça se complique encore. Bref plein
de choix s'offrent à vous. C'en est même un peu déroutant pour votre première
partie, version "qu'est-ce qu'il faut faire, où v'a-t-on, comment ,
pourquoi". Une sorte de brouillard.
Il ne vous aura pas échappé que 3 des 6 actions
disponibles déclenchent des enchères. En fait c'est pire que ça, puisque le déclenchement
d'une guerre déclenchent non pas une mais deux enchères. Les enchères se font
en or pour les cartes politiques, avec de l'influence pour les guerres et la
charge papale et un peu des deux pour les événements.
Les cartes politiques sont bien souvent votre source
principale de points de victoire. Les cartes politiques sont au nombre de 30, 6
pour chacune des 5 cités Venise, Florence, Naples, Rome et Milan. La plupart
représentent une personnalité connue de la renaissance italienne et donne
droit à un petit bonus. Pensez "bâtiment de Puerto Rico" pour
ceux qui connaissent et vous avez une bonne idée de la chose.
Plus la ville dont sont issus les politiques est
prestigieuse à la fin du jeu, plus ils rapportent de points de victoire (de 2
à 10 points par carte, la différence est conséquente). Le prestige des villes
peut changer au gré de l'implantation des artistes (Léonard de Vinci et toute
la clique), de l'invasion française ou plus fréquemment comme résultat
d'incessants combats que se livrent les cités.
Pour les combats le système est particulièrement retords.
Si vous déclenchez une guerre, vous choisissez quelle ville attaque quelle
autre. Ensuite attention, ce sont des enchères qui déterminent qui sera
l'attaquant et qui sera le défenseur. Et il se peut que vous vouliez combattre
pour une ville … pour la faire perdre avec votre armée faiblarde. Le pape
peut se joindre à un des deux cotés, pour compliquer un peu la chose. Les
belligérants seront payé par les villes. Et remporter des batailles rapporte
des points de victoire. La ville qui remporte le combat gagne du prestige et
l'autre en perd. Les combats sont toujours moment crucial de la partie. Le
moment où il FAUT se prendre la tête. Ca peut être un plaisir machiavélique
ou j'imagine, une souffrance absolue si vous n'êtes pas adeptes des coups
tordus.
A la fin de trois décades, qui se terminent une fois que
quatre cartes événement ont été mises aux enchères, on compte les points.
On marque avec les cartes politiques et les victoires lors des batailles, avec
certaines cartes événements plus des bonus si on est le plus riche ou le plus
influent, ou si on contrôle le pape. Le décompte est un peu compliqué mais le
résultat n'est pas surprenant. C'est bien celui qui a le mieux mené sa barque
qui l'emporte.
Les composants sont de très bonnes qualité, tuiles épaisses
et bien dessinées en double langage anglais / allemand. Prévoyez de vous
reporter fréquemment aux règles ou mieux de vous confectionner une petite aide
de jeu si vous ne maîtrisez aucune de ces deux langues. La carte d'Italie est
peu utile mais elle est par contre d'une laideur repoussante. Il n'est pas
impossible qu'un esthète décide de la refaire tellement elle est vilaine. Mais
au moins elle est fonctionnelle. Les règles sont courtes et claires et beaucoup
mieux rédigées que pour les jeux précédents de Warfrog. Il y a bien
un errata qui traîne sur le Web mais il n'est pas indispensable pour jouer
(sauf le statut initial des villes) . Et, chanceux que vous êtes, je l'ai
inclus dans ma traduction française.
On a donc au final un jeu avec plein d'options, presque
trop même en début de partie, ce qui peut en dérouter certain. Les tours sont
rapides et on est souvent impliqués à cause des enchères quasi-permanentes.
La règle encourage la diplomatie et l'époque s'y prête bien, mais le jeu
fonctionne très bien sans. Vous souhaiterez peut-être vous mettre d'accord sur
ce point avec vos partenaires avant le début de la partie. Le thème est
exploité de façon très convaincante, la mécanique fonctionne, bref, après Liberté
et Age Of Steam, nous sommes en présence d'un très
bon jeu pour joueurs motivés et dans un cas de "trois à la suite c'est
gagné" pour le tandem Warfrog / Martin Wallace. Bravissimo.
Olivier REIX 22 Décembre 2003
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